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Ludovic RONDINI, docteur en nutrition

10/02/2014
Comment détoxifier votre organisme ? Tout n'est qu'une question de dose. En effet, notre organisme est sans cesse exposé à des substances qui deviennent toxiques si elles s'accumulent ou si elles sont ingérées en trop grande quantité.

Comment détoxifier votre organisme ?

Tout n'est qu'une question de dose

Pour reprendre l'expression de Paracelse, Médecin, Astrologue et Alchimiste Suisse (1493 - 1541) considéré comme le père de la toxicologie : « Toutes les choses sont poison, et rien n'est sans poison ; seule la dose fait qu'une chose n'est pas un poison».

En effet, notre organisme est sans cesse exposé à des substances qui deviennent toxiques si elles s'accumulent ou si elles sont ingérées en trop grande quantité.

Deux exemples :

  • l'alcool dont la consommation modérée protège des maladies cardiovasculaires et du diabète alors qu'il devient toxique pour le foie, le système cardiovasculaire et le système nerveux lorsqu'il est consommé en trop grande quantité ;
  • La vitamine A : apportée en quantité insuffisante, une carence provoque des troubles oculaires pouvant aller jusqu'à la cécité alors que l'hypervitaminose A induit des nausées, des vomissements, une augmentation de la pression intracrânienne et des troubles hépatiques sévères.

L'origine des toxines

Les toxines peuvent  provenir de l'alimentation, de la respiration ou de l'absorption cutanée. On parle alors de toxines exogènes (exo en grec signifie « au-dehors »). Citons par exemple : les pesticides présents en faible quantité dans l'eau du robinet, les fruits, légumes et céréales ; les résidus d'antibiotiques présents dans les viandes ; les métaux lourds présents en grandes quantités dans certains crustacés et poissons ; les parabènes et sels d'aluminium présents dans certains produits cosmétiques.

Les toxines peuvent également être produites par le métabolisme. Il s'agit alors de toxines endogènes tels que les radicaux libres, les produits de dégradation des hormones, l'acide lactique qui s'accumule après un effort physique intense provoquant les courbatures, le dioxyde de carbone (CO2) issu de la respiration cellulaire...

Le foie, l'organe clé

Le foie est l'organe clé de la détoxification : il contient des milliers d'enzymes capables de modifier la structure chimique des substances toxiques pour les rendre plus solubles dans l'eau ou dans les sucs biliaires et ainsi de faciliter leur élimination par voie rénale ou par voie biliaire + intestinale.  

Cependant, il arrive que les capacités d'élimination du foie soient dépassées. Quand elles sont très largement dépassées (intoxication aigüe), les manifestations sont claires et les symptômes connus de tous : maux de ventre, nausées / vomissement, maux de tête...

En revanche, lorsque l'exposition est faible et prolongée (intoxication chronique), les manifestations sont moins évidentes et seul le professionnel de santé est alors capable de détecter l'accumulation de toxines. Les manifestations peuvent être les suivantes : dysfonctionnement métabolique, moins bonne résistance aux infections, fatigue chronique, manifestations/troubles cutanés, maladies chroniques (cf. les théories d'encrassement de l'organisme du Dr Seignalet).

La phytothérapie agit de manière complémentaire sur trois aspects du foie :

  • La protection
  • Le drainage
  • La réduction des phénomènes inflammatoires et radicalaires

La protection du Foie

Le Desmodium (Desmodium adscendens)

La plante « star » de la protection hépatique est de loin le Desmodium. Cette fabacée originaire d'Afrique équatoriale pousse de manière sauvage. Ses feuilles renferment des alcaloïdes indoliques puissants (les desmodosides) dont la vitexine et l'isovitexine qui lui confère des propriétés hépatoprotectrice, antiallergiques et anti-inflammatoire.

Traditionnellement, les feuilles de Desmodium sont récoltées après la saison des pluies, séchées naturellement au soleil puis réduites en poudre. Il est également possible de réaliser des macérâts liquides pour faciliter la prise.

Cette plante fera des merveilles sur le foie agressé par des virus, des médicaments, des troubles auto-immuns, pour diminuer les effets d'une chimiothérapie, d'une consommation excessive d'alcool ou d'une exposition à une substance hépatotoxique.

 

Le Charbon végétal

Il est également possible de protéger le foie des toxines exogènes avant qu'elles ne pénètrent dans l'organisme grâce au charbon végétal. Issu de la carbonisation du bois dans des conditions de température et d'humidité bien particulières, le Charbon végétal piège mécaniquement les toxines par adsorption (fixation en surface) dans le tube digestif. Les déchets, les polluants et les gaz sont ensuite éliminés par le transit. Son utilisation est bien connue dans les services hospitaliers de désintoxication.

Le drainage du Foie

De nombreuses plantes ont des propriétés drainantes soient cholagogues (favorisant l'évacuation de la bile par la vésicule biliaire) soient cholérétiques (favorisant la fabrication de la bile) et bien souvent associées.

Citons par exemple l'Artichaut (Cynara scolymus), le Chardon-Marie (Silybum marianum) ou le Radis Noir (Raphanus niger) :

 

Chardon-Marie

Le Chardon-Marie est souvent utilisé dans les cas de cirrhose (alcoolique ou non), ou plus généralement après les soirées trop arrosées ! En effet, il cumule deux propriétés intéressantes et complémentaires après une consommation d'alcool excessive puisque le Chardon Marie est à la fois hépatoprotecteur et cholérétique. Les flavonoïdes, et notamment la silymarine qu'il renferme, sont à l'origine de ses propriétés. 

 

L'Artichaut

S'il est bien une plante emblématique de la Bretagne et de la phytothérapie, c'est bien l'Artichaut. Et pour cause : si l'Artichaut est cultivé et consommé depuis des siècles en Bretagne, c'est également une des plantes les plus étudiées. Son principe actif, la cynarine (à l'origine de ses propriétés cholérétique, hépatoprotectrice et hypocholestérolémiante), a conduit au développement de plusieurs médicaments.

Réduction des phénomènes inflammatoires et radicalaires

Le Thym et le Romarin

Le Thym (Thymus vulgaris) et le Romarin (Rosmarinus officinalis) possèdent des propriétés antiseptiques et anti-radicalaires bien connues. Or, lorsque le foie est engorgé ou agressé, il produit des radicaux libres qui accentuent sa détérioration.

Outre ces propriétés antiradicalaires, le Romarin possède également des propriétés cholagogues et cholérétiques qui expliquent son utilisation traditionnelle dans les insuffisances hépatiques,  les dyskinésies biliaires, les lithiases vésiculaires, les ballonnements et spasmes digestifs.

 

Le Chrysanthemum parthenium

Egalement appelé « Grande Camomille », cette plante médicinale était déjà très utilisée au Moyen-Age pour ses propriétés sédatives, fébrifuges (son nom anglais est « feverfew » qui signifie littéralement « peu de fièvre »), apéritives, digestives, anti-inflammatoires, antispasmodiques, emménagogues, carminatives et toniques.

Les plantes diurétiques

Une fois le travail détoxification réalisée par le foie, il est indispensable de stimuler les reins pour évacuer les toxines. De nombreuses plantes possèdent des vertus diurétiques.

Les plus connues sont la Bruyère (Calluna vulgaris), le Radis Noir (Raphanus niger), la Reine des prés (Filipendula ulmaria) ou encore la Bardane (Arctium lappa).

Le Radis noir est particulièrement intéressant car il associe des propriétés diurétiques à des propriétés alcalinisantes qui participent au rétablissement du métabolisme et de l'équilibre acido-basique de l'organisme.

La Reine des prés, quant à elle, possède des propriétés diurétiques et anti-inflammatoires qui agiront de pair sur les reins et le foie.

Enfin la Bardane se révélera efficace pour favoriser l'élimination des toxines par voies rénale et cutanée (propriétés sudorifiques).

 

Ludovic RONDINI

Docteur en Nutrition